Lutte contre les discriminations

La volonté affichée de lutter contre les discriminations n’a pas, pour le moment, combattu la catégorisation qui consiste à appréhender certains individus à partir de l’idée qu’on se fait d’une seule de leurs caractéristiques identitaires.

Le fait de ne pas avoir travaillé sur les préjugés et les catégories à la base des discriminations, le fait de se concentrer sur les discriminés plutôt que sur les discriminations, a maintenu la vision d’un monde où il existerait une différence fondamentale entre « les Noirs » et « les Blancs », les hétérosexuels et les homosexuels, les musulmans et les non musulmans, etc.

Faire des catégories n’est pas neutre. Cela revient à poser les questions d’une certaine façon et à en occulter d’autres. Un groupe de personnes est ramené à un seul critère d’identification : ici l’origine ethnique, là l’orientation sexuelle, là la religion. L’altérité est toujours une construction qui correspond à une représentation de l’Autre, en lien avec l’histoire du pays où elle se fabrique.

Il arrive ensuite que les individus se définissent eux-mêmes en fonction de ces catégories, comme si elles étaient naturelles : « Nous les Noirs, Nous les musulmans, Nous les femmes, Nous les handicapés… » Dans de nombreuses situations, le processus de catégorisation enlève à l’intéressé la possibilité d’être un « sujet pensant » qui peut se définir librement. On le définit et on pense à sa place.

Travailler sur ces enjeux n’est pas obsolète et constitue un enjeu majeur pour déployer et manager une réelle égalité de traitement.